Comme promis, mon analyse de la musique du film... Bonnes écoutes à tous...
Petite Note de Dégustation du Score de "La Reine des Neiges"
Oui, le boulot de Bobby Lopez est impressionnant, et aussi par son éclectisme, ses compos pour les 8 chansons alternant sans vergogne et avec un brio déconcertant jigue, broadway, music hall, pop, gospel, drame, jazzy, ballade !... Oui Lopez a là toute l’envergure d’une grande fresque-conte de fées Disney pour exprimer son talent, au-delà des simples parodies ou d’un petit ourson ou d’un simple poisson clown… Et c’est ce qu’il fait. J'ai déjà parlé de mes coups de coeur number ones, Do You Want To et Love is an open door. Même si Fixer Upper n'est pas un chef d'œuvre, je tiens juste à dire à propos de cette chanson que je l’aime, elle sonne tellement Disney, joyeuse, pleine de fantaisie. Ca sera jamais Be our Guest, mais le syndrome de folie à la Avenue Q en fait un truc jubilatoire, beaucoup mieux que n’importe quel « i have a dream » ou « dig a little deeper ».
PS : Détail très subtil… les quelques secondes de musique clôturant Le Renouveau ( Reprise), correspondant au moment où le sortilège glacé frappe Ana au cœur et où celle-ci s'écroule… sont un instrumental de… "Frozen Heart" la chanson d'ouverture, incroyablement bien vu !!! Essayez, vous verrez !
(Pour ce qui est des démos, les chansons non retenues, elle mériteront aussi un message à part, tant il y a beaucoup à dire…)
Mais je ne développerai pas ça là, tout a été dit sur ces 8 merveilleuses chansons qu'il - et Madame ! - nous ont offertes.
Non, là je vais surtout vous parler de musique de film. Suite à 4 jours d'écoute intensive et immersive de cette superbe BO downloadée, en mauvaise qualité donc malheureusement, et en VO. Je fais donc référence ici aux titres en anglais, mais vous pourrez vous reportez sans soucis à ce qui y correspond dans votre french édition dispo demain partout ( notons que les noms des pistes du CD 2 n'ont pas été traduits, ce qui n'est pas plus mal, quand on voit des traductions des musiques du CD 1 comme "le monde à l'envers" ou "l'enneigement" pour whiteout hmm hmmm enfin… on avait bien eu "Ah ! le piège" dans la BO de blanche neige ou "feu de campS" donc carrément avec une faute d'orthographe sur le CD de Raiponce, je pense qu'ils confient toujours ces traducs à des stagiaires qui ne parlent pas anglais, enfin bon c'est un autre sujet…)
Donc je parlais de musiques de films. J'en suis passionné en général, évidemment tout autant quant il s'agit de Disney. Menken reste le maître, mais il faut savoir que quand il a composé les chansons pour la petite sirène, il ne savait faire que des chansons. Il s’est timidement lancé dans l’écriture de la musique de film, là et par la suite, réutilisant souvent des variations des mélodies de ses chansons pour le score, mais pas que. Il a composé au final les plus beaux scores Disney… Mais je dois avouer que je suis particulièrement intéressé quand de "vrais" compositeurs s'occupent de Disney, et cela donne parmi mes soundtracks préférés ( Mancina pour Tarzan, Bernstein pour Taram, Goldsmith pour Mulan, Newton Howard pour Atlantide et Planète au Trésor, même l’injustement oublié Broughton pour Bernard et Bianca… ). Avec Tiana et Raiponce, on a eu quoi ? Une succession d'improvisations jazz juste sympa pour l'une, et le score le moins inspiré de Menken pour l’autre (le score complet dispo sur youtube révèle un remplissage assez tiède à part quelques fabuleuses exception, Kingdom dance, Horse with no rider et grands moments dramatiques sur la fin ). Bref ! On n’a pas eu grand monde sur les contes de princesses !... Là quel bonheur, quel rafraîchissement. Royal. Beck, un génie sous-employé ! Réécoutez Paperman et Percy Jackson. Peut-être pas Buffy et Very Bad Trip, mais bon, ce musicien est un vrai, pur sucre !
Il reprend de fait peu les motifs des chansons, sauf seulement de deux dans les deux dernières tracks, mais c’est pas grave. À lui seul, il crée des atmosphères tellement identifiées et identifiantes Aussi des accents très classiques, limite Ravel, Dukas, Vivaldi ou Edward Grieg parfois... Des côtés John Williams, carrément, rien que ça. Des instruments originaux, dépaysants et envoûtants. Cordes sautillantes exprimant la joie de l'enfance et la complicité des jeunes princesses dans « Elsa & Anna », mais ces mêmes cordes deviennent synonyme d'action, de courses, et de menace, avec les loups, Guimauve, ou le thème de Hans et l'explosion de dangers de toutes parts - y compris climatiques - dans "whiteout". Ou encore elles exprimeront la joie retrouvée dans « Epilogue ». Quant aux flûtes et chants de berger ou a cappela norvégiens qui viennent nous prendre par surprise et éclatent un peu partout, quand on ne s’y attend pas, quel bonheur, à vous de les retrouver, laissez-vous surprendre… Par contre les chants traditionnels officiels de Vuelie, sa reprise, et Heimr Arnadalr sont beaux mais moins créatifs à mon goût car à peine ré-interprétés. Religieux, chœurs a cappela, ils sont je l’admets de toute beauté mystique, et donnent il est vrai à Disney une maturité très authentique.
Mais c’est surtout, les vrais thèmes que Beck crée et avec lesquels il joue comme un diamantaire qui comptent à mes oreilles :
*On ne le présente plus, le thème d’Elsa, motif de 5 notes angoissées, reptiliennes, menaçantes et sombres. Elles naissent pour la première fois dans « Elsa & Anna », dans une variation insouciante et détendue. Mais à 1.30 c'est l'incident, et à partir de là (2.00) et pour tout le reste le motif se fait paniqué. Puis il bouillonnera dans « Queen Elsa of Arendelle », éclatera dans les sublimes "sorcery" et "summit siege", se fera lamentation dans « Elsa Imprisoned ». Pour retrouver le thème d'Elsa en variation positive, il faudra attendre the great thaw, vers 0.50 juste avant la reprise de Vuelie…
*Surprise, oui, Anna a aussi un thème, plus discret mais délicieusement subtil et tout aussi réussi : motifs de 5 notes aussi, mais rien à voir, à la fois élégantes, romantiques et plaintives. Pour bien l'attraper, elles sont dans les 10 premières secondes de "conceal don't feel", puis écoutez "It has to be Snow" où il est développé, tranquillement, tout doux, tout doux, presque mode boîte à musique de Noël. Puis vous le retrouverez dans « Onward and Upward » et « Hands For Hans », dans « North Mountain » et un peu dans « Thin Air », et à la fin de "Wolves"…
*Un thème flippant de stress et d'action pour Hans, dessiné à la fin de "acte of love" puis exploré dans toutes les tracks de drame épique de la fin !!! Des cordes agressives et attaquantes, obsédantes, névrotiques, qui sont suggérées en effet dans les terminaisons de "Act of Love", puis reprennent soudain à la fin de "Some People Are Worth…", et à la fin de "Treason", entrecroisées un instant au thème d'Elsa.
*Olaf, Oaken et les Trolls ont aussi des thèmes respectifs que je cite dans le déroulé suivant :
(PS : J'y note des infos et des coups de cœur. J'ai refondu l'ordre des tracks en y mêlant à leurs places légitimes les scores démos du disque 2, qui, Miracle, sont la vraie soundtrack à part entière ! )
- Vuelie ( qui, sur le CD, devrait être en premier pour précéder Frozen Heart, comme c'est le cas dans le film)
- Elsa and Anna
- The Trolls : très joli thème mystique qui se capte et s'avère toujours plus sublime au fil des écoutes, un petit côté Seigneur des Anneaux… Harry Potter..
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- Coronation Day : Petit morceau à part ? Un autre coup de coeur. On y entend un seul thème qu'on n'entend que là, mais très catchy ! Il se dessine comme presque l'air d'une cut song version instrumentale…
- Hans : romance de rencontre, très neutre, facultative.
- Heimr Arnadalr (hymne de la cérémonie de couronnement dans la chapelle)
- Queen Elsa of Arendelle (à la fin du couronnement, Elsa manque de geler le sceptre et l'orbe. À la fin la musique éclate de façon majestueuse... ça y est, Elsa est reine ! )
- Coronation Band Suite : musique gaguesque de fanfare aux accents autrichiens, ça détend. Plus une suite de bourrées champêtres que royales en fait. C'est vrai que Arendelle semble être un petit royaume provincial et villageois, après tout… Musique de fond par l'orchestre d'Arendelle tandis que Anna et Elsa accueillent leurs invités et rient un peu.
- Winter’s Waltz : court morceau où Hans rattrape Anna et valse un peu avec elle. Rien d’intéressant, à part que cet instrumental se termine par 4-5 notes de « Love is An Open Door » joliment utilisées par Beck, comme une annonce transitive et introductive, car c'est, de fait la chanson qui suit…
- Sorcery : la dispute, le drame, la fuite. Énorme. Contrairement au final, Beck ne loupe pas ici l'occasion de signer un grand moment culte de drame Disney, à la West Wing ou Destruction of the Grotto. On pense même, un peu, à Blanche Neige courant ou Cendrillon robe déchirée.
- Royal Pursuit : court morceau à ranger parmi les plus beaux. C'est le départ, le thème de la quête, avec d'inoubliables petits cors médiévaux sur la fin. Épique et fairytale à fond. Dans « Onward and Upward », et dans « Hands For Hans », on le retrouvera, entremêlé au motif musical caractérisant Anna.
- It had to be Snow : Anna et son cheval en situation compliquée dans la neige.
- Oaken’s Sauna : thème d'Oaken, très agréable et bien construit, circulaire. Avec des effets de cythares russes à un moment.
- Wolves. Pure action, efficace
- Meet Olaf : il lui fallait un thème jovial et clownesque à notre homme de neige, et bien c'est fait. Thème qu’on retrouvera ailleurs.
- Hands for Hans (Hans prend la décision de partir sauver Anna, les sbires du Duc l’accompagnent…)
- The North Mountain (l'escalade "ratée" de Anna et la découverte du palais, tout en nappes cristallines et magiques…)
- We Were So Close : suite du cristallin-magique… j'ai littéralement craqué pour ce morceau à part où aucun thème connu n'est développé ou réutilisé : juste une succession de nappes d'instruments à dominante cordes, d'une douceur exquise, dans une ambiance réellement féérique et magique exprimant l'émerveillement d'Anna en retrouvant Elsa, et l'évocation des souvenirs du passé… juste avant le clash qu'on sait ! Ca pourrait être mièvre, je trouve juste cette pièce voluptueuse et irréelle parmi les plus belles et fairytale du CD. Dégoulinante d'effets romantiques, mais ça le fait trop. On imagine presque les mille chatoiements irisés de la lumière sur les murs bleus et roses du palais de glace... la poésie contemplative dont manque le film pourrait bien être cachée là...
- Marshmallow Attack ! / Cliff Diving (Ces deux morceaux concernent toute la scène de la poursuite par Guimauve)
- Conceal, Don’t Feel : morceau dramatique mais qui commence avec quelques notes légères correspondant au moment où nos trois compères se remettent de la chute de la falaise. Sinon ensuite, il s'agit des quelques (trop courtes) secondes où Elsa se désespère seule dans son palais qui rougeoie : court mais beau moment dramatique où étrangement Beck ne reprend pas le thème consacré d'Elsa mais en crée en autre, plus classique, très joliment mélo.
- Summit Siege
- Elsa Imprisoned : Ahhhhhh ces formidables sons étranglés de petit cor nordique angoissé au début !!!
- The Love Experts : reprise du thème des Trolls et aussi de celui d'Olaf. C'est le moment amusant où Kristoff présente à Anna sa "famille" ! Placé dans le film juste avant Fixer Upper.
- Only An Act of True Love : placé dans le film juste après Fixer Upper, le ton s'y ré-assombrit : guettez le léger retour du thème des Trolls, puis la montée de la tension.
- Return to Arendelle : course effrénée où résonnent de petits instruments de malade à un moment ! Puis arrivée calme…
- Hans’ Kiss : guettez bien le changement net de mélodie, tout à coup sombre et inquiétante, quand Hans interrompt ce fameux baiser et dévoile sa vraie nature !...
- Treason : Hans accuse Elsa de haute trahison auprès des émissaires.
Le ton monte quand ils descendent au cachot... Le blizzard couve : ça va péter !.
- Some People Are Worth Melting For : retour des thèmes d'Olaf et d'Anna au début du morceau bien sûr, puis après un moment de douceur, le suspens final se remet en branle.
- Whiteout : et alors là, apogée, c’est festival : les thèmes de Hans, Anna, Elsa et les chants traditionnels explosent tous dans un ouragan neigeux, musical et dramatique. Et pour cause. Le danger vient de partout ! Parfait ! On sent même bien le moment où tout se fige, moment clé final de la fin. Par contre après ça finit un peu tièdement… (moins émouvant que les sublimes musiques d'agonies de la Bête ou de Flynn par Menken, alors que y avait de quoi…)
- The Great Thaw (Vuelie Reprise) : pour ma part voilà le moment qui visuellement et musicalement devait être le plus fort, mais ce n'est pas trop le cas pour moi, ni visuellement ni musicalement. Un peu court et tiède. Moins envoûtant je trouve que le sublime Final de la Bête et la Belle par Menken. Se termine sur, enfin, une reprise instrumentale d’une chanson des Lopez (DYWTBAS).
- Epilogue : Un joli thème processionnel royal, violons un rien guindés mais joyeux, style parade, saccadé, sautillant, un rien militaire, le tout gentiment habillé de la suite des reprises instrumentales des chansons des Lopez (DYWTBAS et FTFTIF). On finit sur une presqu’envolée et quelques notes douces. Oui, c’est pas le final de Poca, pas même d’Aladdin ou de Tiana… Pour un final plus "épique", préférez carrément celui de la version instru de FTFTIF ( dispo sur itunes ou sur la VO U.S. ? Elle n'est pas sur le double CD français Grrrrrr !!!) .
Ah oui, j'ai isolé 2 tracks : celui qui arrivera à replacer Thin Air et Onward and Upward est attendu à l'accueil. Je ne vois pas à quels moments précis du film ils se casent…
CONCLUSION
Bref, 2 disques à adopter et savourer maintenant ou plus tard, en VO ou en VF, et qui nous rappellent qu'au moins musicalement, les films Disney restent une référence à prendre très au sérieux artistiquement et émotionnellement. On y retrouve toute l’ambition peut-être pas dispo à l’écran, mais qui attache aux personnages et à l'histoire (c'est le rôle d'un bon score en fait), encore un peu plus que les images, gags, effets 3D et scénar trop rapide seuls ! Ca me donne ENFIN envie véritablement de retourner voir ce film !!!