Le Giacchino, je l’adore pour son boulot sur Indestructibles et surtout Tomorrow Land, dont le thème principal, immanquable, est juste énorme.
Pour Zootopie en effet, on pourrait s’arrêter sur une première impression de tiédeur, mais ce serait louper l’originalité certaine que Giacchino apporte à sa première participation à un classique animé Disney, et à un sujet reposant sur deux axes inspirants : modernité et animaux.
Ce qui frappe à l’écoute et qu’on retiendra, c’est l’originalité d’une pop-jazzy-bossa nova-calypso-électro complètement moderne et inédite dans un Disney : le thème de Nick, d’abord assez passe-partout, mais vite addictif et agréablement frais et coloré au fil des écoutes ( ce motif cool en forme de nonchalance goguenarde est présent dans « jumbo pop hustle »/« walk and stalk », à la fin de « nick of time » et dans « Ewell fell for it ») en est un bon exemple. Des morceaux comme Weasel shakedown reprennent aussi ce type musical.
La partition joue aussi sur la funk vintage des séries policières (Le final « Three too bandito » en tête, sorte d’hommage parodique au genre, assez jouissif, et aussi dans « Ramifications », « hoops goes after the weasel », on est dans du Starky et Hutch, du Mannix) et sur la world music (hindou lounge dans « the naturalist », italien dans « mr big » bien sûr, cubain/carribéain dans l’étonnant et génial « ticket to write » chanté (un must listen de la BO !), africain dans le joliment épique « a bunny can go savage » !). Un exotisme protéiforme en forme d’hommage à toutes les diversités « raciales » de ce Zoo Utopique ;-).
Mais la vraie beauté de son travail sur Zootopie tient en fait dans un seul thème, tout simple, mais que tout amoureux de musique de film se doit de « chopper » : très surprenant car très classique dans ce film extravagant, Giacchino ose un thème doux, poétique et mélancolique, très émouvant et doux-amer, soulignant les états d’âme de Juddy et ses liens sincères avec Nick : apparu dans « not a real cop » ce très beau thème est développé magnifiquement dans « nick of time », un peu dans « grey’s… » et « weasel shakedown », avec une belle variation tribale dans "a bunny can go savage", et dans le final de « Ewell fell for it ». C’est quasiment le seul thème récurrent avec celui de Nick pré-cité. Régalez-vous enfin de sa reprise magique qui ouvre le « Zootopia Suite », avant qu’il ne se fonde victorieusement dans les percus africaines pour vous arracher presque un frisson avec petite larme d’émotion 100% Disney ;-)
Pour info, la fameuse suite se poursuit logiquement avec le gimmick de Nick, se perd un peu dans un thème générique, et re-boucle le thème de Judy avec un piano orchestre somptueux de délicatesse.
Ce 3eme motif distinctif, en fait, que je viens de nommer générique est assez Disneyéen. Il fait presque musique de parc, pris donc en sandwich dans la « suite » après les thèmes de Juddy et Nick : il s’agit en fait du thème décliné aussi dans la très jolie berceuse de « Foxy Fakeout ». On le retrouve une 3eme fois dans l’intro de Jumbo Pop juste avant celui de Nick. Il ouvre et clôt enfin en quelques notes clin d’oeil « hoops goes after the weasel ». Nous l’appelerons le thème générique et principale de Zootopia;
La piste « some of my best friends are predators » contient un thème super triste et grave, presque funèbre, lié aux moments de la fin où Judy est mise à mal…
Si, le reste est assez classique avec peu de relief, rien que pour le ton moderne et ethnic évoqué, et le thème de Judy, cette BO vaut le détour.