BONNE RAIPONCE !
Raiponce. Un film différent à bien des égards.
Ca tient d’abord en une idée : la skyzophrénie de Disney persiste à faire des contes de fées, parce que c'est l'héritage et l'image de la maison, et parce que ça fait plaisir aux fans, tout en jonglant avec un héritage un peu lourd à moderniser, fond et forme : il faut aussi laire au public de la génération Pixar 2011, un peu lasse des contes de fées.
Sacré paradoxe, ayant dans le cas qui nous intéresse accouché d’une fausse promo, « film sherkien pour mecs ! ». En tout cas, s’il y avait eu une révolution en 1990, là il fallait pousser encore plus loin, quitte à casser la structure conte ! En résulte un drôle de cocktail. Si Tiana en a fait les frais, Raiponce elle a failli être « unbraided », sorte de cousine de « Enchanted » entraînant les héros dans le monde moderne. Une hérésie que le très décrié mais finalement assez chouette Lasseter a balayé pour revenir au coeur de métier Disney : le conte sincère et magique, voire sombre, que viennent subtilement doper action et humour. Et cette recette, respectée à plein, donne des merveilles ici.
Ici, la forme des classiques du 1er âge d’or est injectée au fond des films cultes du 2eme âge d’or (années 90), le tout shaké avec une narration et un humour très frais, inspiré de Pixar. Le résultat est quasi parfait.
Le film respire de charme, de personnages attachants, d’une habileté narrative et d’une profondeur sombre, complexe et psychologique jamais prises en flagrant délit : humour, fluidité et apparente simplicité nouent, dénouent et renouent (pour rester dans la métaphore capillaire), un très petit nombre de personnages entre un château, une tour et une forêt. Pas besoin de plus pour un film inoubliable, chaînon manquant entre hier et demain.
Ici, tout a la couleur et l'odeur du fairytale mais l'humour et les dialogues et les rapports de personnages sonnent très modernes et très vrais...
Gothel, donc, par qui toit arrive, soeur cachée de la reine de Blanche Neige, avec son emblématique lampe verte, est si complexe (son rapport à la beauté, ses métaphores aigries sur le soleil, les fleurs et le monde extérieur qui détruit tout, ça sent la femme qui a vécu et souffert, c'est génial), si belle et douce que je me suis demandé parfois si c'était vraiment une salope finie : les raisons pour lesquelles elle manipule Raiponce ne lui laissent pas le choix en fait, car l’enjeu est plus radical que la simple jeunesse, et ça la rend terriblement faible, dépendante et pathétique (voir le très beau symbole du miroir brisé à la fin (et qui se brise aussi pour un autre rôle très bien trouvé… chut ;-)) et sa réaction réflexe poignante et honteuse quand son drame final lui arrive). De plus, je pense qu’elle s’est attachée à Raiponce (leurs "je t'aime, non moi je t’aime encore plus" ne sont pas parodiques ou ironiques, ils sonnent si tendres et sincères ! On n’est pas dans une relation Médusa-Penny !!!), elle la bichonne, lui fait des soupes à la noisette... j'ai même eu le coeur serré quand Raiponce lui ment et l'envoie chercher son cadeau d’anniversaire à 3 jours d'ici, et lors de sa fin si pitoyable, ça m'a fait quelque chose !... La scène où elle revient le soir et réalise que Raiponce est partie est aussi bouleversante et dramatique que je l’avais souhaité !!!


A part une ouverture et une scène finale un peu faiblardes et une incohérence (le couteau de Gothel ressort de Flynn sans la moindre trace de sang), Plus gênant, hors de question de se répéter, il faut se renouveler, exit donc le prologue et le final Disney types... On met Flynn en narrateur détaché (le pauvre Duris est je trouve assez maladroit en récitant, sûrement lui-même perdu entre ce mélange narrateur classique et je raconte ma vie d’un air cool)... Idem pour ce final un peu décevant, très brouillon, où tous les personnages pêle-mêle sur le parvis du château font des blagues, avec une musique de parade Disney tout sauf émouvante, comme dans le final d'un épisode de série TV bien sympatoche et dans l’air du vent...
Peut-être d’ailleurs qu’on ne verra plus du tout de final qui fait frissonner chez Disney.
Raiponce, enfantine, rebelle, soumise, naïve, nerveuse, attachante, vive, intelligente. Jamais vu un personnage aussi crédible. Les suivantes de ce calibre seront Mérida et Moana.
L’objet de son affection, ou plutôt l’un des deux ( le thème du film étant clairement basé sur ça : ta mère ou moi) : j’ai nommé Flynn ! Ou Eugène pour les intimes. C’est tout sauf un dragueur saoûlant et il est incroyablement beau, tendre, fragile, charmant… taillé en V, des mimiques craquantes, une moue et un regard expressif et viril, etc... je l’aime un point c’est tout. Et pourtant je l’attendais au tournant. Il est le prince devenu roturier (là où la fille de paysan du conte original est devenu princesse ici, belle inversion croisée), voire pire, voleur de grand-chemin, la grande idée pour en faire un héros plein de panache, prétexte à mille poursuites.
Il draine avec lui tout un monde tourbillonnant de courses, soldat et brigands qui assurent la partie tonique et virile d’un film autrement débordant de magie, de poésie, et très féminin. Car Raiponce ose traiter, ni plus ni moins, de la complexe histoire d’une relation mère/fille. Flynn devient l’objet de désir qui va forcer Raiponce à grandir, à quitter le nid et à couper le cordon au sens vraiment propre du terme ! De l’autre côté, la métaphore du parent terrifié à l’idée d’être abandonner, de laisser s’envoler l’oiseau, de finir seul, inutile et vieux. Sur ce pattern très oedipien, Disney va puiser dans le conte d’origine le terrible thème du mensonge et du vol d’enfant (même si les Grimm parlaient de facto plus d’un troc, d’un échange, d’un pacte rompu). Se met dès lors ne place, de mani!re sotseriane, quelque chso eplmsu proche de Natasha Kampush, et une relation viciée par la manipulation. Tout cela sous couvert d’amour sincère et innocent de la part d’une ejuen fille elle-même complètement coupée du mond,e et pouratt douée d’une intelloigenc, d’une sensviliét etc ‘une superbe eprosnnaliét qui lui pemrettriont d erélaiser ses re^pves et de faire triompher l’amour et al vérité : rien que ça !
Bien sûr, ce sont les paroles de ses chansons (les numéros visuellement les plus réussis je trouve, j’adore la mise en scène de la première et sa gestuelle tragédienne de la seconde !) qui nous donne son vrai fond : ce qu’elle dit à Raiponce en intro de sa chanson près du feu de camp sont psychologiquement les choses les plus affreuses qu’un parent peut dire à sa fille... Raiponce, ça la rend attachante d’avoir survécu à toutes ces séquelles psychiques (petite pensée pour une autre blonde séquestrée, l’autrichienne Natasha Kampush qui sort ses mémoires récemment)
En tout cas ces phrases, tout comme d’ailleurs ses « arrête de marmonner » sont un best of des témoignages des filles du studio à qui les réalisateurs ont demandé les pires trucs sur leurs mères…
Autre bijoux : les parents légitimes, dans un exercice de style sublime. Le roi et la reine, jamais un mot, mais bouleversants, de la scène de la cérémonie des lumières (alors que leur fille est sans qu'ils le sachent dans leur port ce soir-là ! ) jusqu'à la scène des retrouvailles familiales, HUGE !
-Pascal, vraie déception. Je m’explique. Ce perso à croquer est sous-exploité je trouve, aussi peu présent qu'une Djali ou qu’un Creekee mais même ce dernier, comme Abu, Meeko et les autres, avaient au moins un geste vital à l’intrigue. Lui, avec son potentiel énorme, on ne le voit pas assez interagir dans les scènes clés je trouve, et il ne sert à presque rien (il joue très peu, 4 petites fois en tout de son changement de couleur, et ça ne sert jamais l’intrigue). Juste à la fin, il commet une ultime traitrise à l’endroit de la méchante. Beauocup plus réussi, le superbe Maximus, que quelques années plus tard, le pauvre Sven essayera de copier sans succès.
J'avais beaucoup lu que le film était speed et hilarant : l'humour y est tout en légèreté, même les brigands sont cleans je trouve, pas un rot, pas un pet ! Et puis l'action est dosée à la perfection (Bon, la scène du barrage sent le tape à l'oeil, superbe, digne d'Indiana Jones mais finalement un peu hors sujet dans un conte de fées...)
Moi j'ai plutôt le souvenir de beaucoup, beaucoup de scènes de longues discussions (entre Gothel et Raiponce, entre Flynn et Raiponce lors de la culte et très développée scène de la chaise et de l'armoire dans la tour, ou autour du feu de camp, etc..) où toute la subtilité et la complexité des trois personnages principaux fait merveille. Ma conclusion est donc que cette modernité et ce côté actuel et vrai (renforcé par la 3D qui fait tout ressembler à des héros de cartoons en prise de vue réelle !!!) qui me gênait au début bouscule un peu la mythologie du conte mais rend ce film très poignant et habité et « réel »… j’en ressort avec une image plus sombre et subtile que comique et aventure, et ça c’est bon, j’attends une VO en Décembre pour mieux apprécier…
salade fleur, larmes aveugle, hutte imaginer ces deux neuneu corde
PS : à noter que parmi les plans des bande annonces sucrés, deux m'ont beaucoup manqué : celle où Raiponce court des escaliers à la fenêtre avec ses cheveux faisant comme un drap soyeux, et celle où elle sort de la lumière vers Flynn et touche ses cheveux telle une Pocahontas ou Ariel…
PS 2 : les cheveux de Gothel m’ont presque plus bluffé que ceux de Raiponce, tellement leurs « frisures » bougent et luisent comme des vrais, idem pour le velours feutré de sa robe lie de vin…