L'histoire de Mérida ma emporté littéralement dès la première vision.
J'y ai vu de la subtilité, de la narration, de l'atmosphère et de l'émotion
comme j'adore.
Je n'avais jamais vu des personnages agir et intéragir avec une telle souplesse,
beauté, profondeur.
Le moindre décor intérieur ou extérieur, le moindre tissu, poil, cheveux, brin d'herbe, secs ou mouillés, ondoie comme jamais, même beaucoup mieux que dans Raiponce. Humour, émotion et drame se partagent chaque idée visuelle et scénaristique comme jamais.
J'y allais blasé d'avance, ne jurant que par Raiponce. Et quand je pense aux tièdes critiques unanimes que j'ai lues partout et qui m'ont presque passé l'envie d'y aller !
Et oui, c'est du Pixar mâtiné de Disney. Ce qui veut dire qu'on n'y trouve le meilleur des deux.
Un tonus et un humour (jamais lourd !!!) subtils, immenses. Une dramaturgie de haut vol. Des références cultes.
Oui enfin un film de princesse plus classique chez Pixar, et quelle princesse ! J'en avait assez des animaux, monstres, voitures, insectes et autres collections modernes ! Enfin de l'humain, de l'épique, du mystique, du médiéval.
Les références à Disney y sont légion ! Comme j'ai aimé retrouvé l'émotion folle de la dispute de Triton et Ariel quand la tapisserie est lacérée et l'arc brûlé. Le côté Robin des bois.
Mulan, Ariel donc, et Pocahontas qui se rebellent contre la figure parentale.
Le côté Brother Bear mais beaucoup plus beau en 3d (très jolie leçon de pêche), le côté combat de grizzly de Rox et Rouky.
La touche Yzma/ Ursula, de la sorcière quand elle prépare la potion.
Cendrillon quand les ours doivent chipper la clef, et d'autres princesses d'antan quand Mérida pleure ou fuit dans les sombres forêts.
Poursuites hilarantes, grandes scènes burlesques et scènes épiques, dramatiques ou naturalistes s'enchaînent avec fluidité et humanité.
Les personnages sont si vibrants, vivants et sincères.
Les actrices qui doublent avec leurs petits accents, donnent tant d'énergie et de crédibilité.
J'ai adoré les attitudes pince sans rire et protocolaires d'Elinor, toujours fines. C'est un perso de mère et de reine complexe et tout en contrastes.
Sévère, aimante, touchante, en conflit intérieur constant (très beau quand elle sauve vite l'arc des flammes pleine de regrets, quand elle perçoit de temps en temps qu'elle restera peut-être prisonnière du sortilège toute sa vie sans un mot (le muet fait sensation là !)
Tous les moments de dispute et d'émotion avec sa fille, j'ai adoré.
Adoré aussi... Toute l'histoire de l'ancêtre maudit en filigrane, avec un beau message sur le trauma générationnel et les méfaits de la toute-puissance infantile.
L'humour burlesque de la sorcière qui n'assume pas et se fait passer pour sculpteuse sur bois, et son chaudron-répondeur téléphonique, son corbeau très drôle.
Les trois clans des tribus adverses, que je redoutais un peu, et dont l'humour visuel fait honneur à l'esthétique de l'humour pantomime.
Les frères triplés et la gouvernante peureuse sont originaux et délicieux.
Les feux follets si doux et mystiques a la Myazaki.
Des dialogues qui claquent, poétiques, très bien écrits.
Et tous les jolis symboles psychanalytiques du scénario : Mérida qui coud et chevauche pour sauver sa mère, mi Pocahontas/ mi Elise des cygnes sauvages d'Andersen, les accès de sauvagerie incontrôlables et émouvants de la mère (quelle super idée cet instinct animal qui va et qui vient la tarauder, changeant la couleur de ses yeux de temps en temps), la mère qui défend sa fille contre l'ancêtre/ la fille qui défend sa mère contre le père : elle se bat contre son père en hurlant cette phrase culte qui fout la chair de poule " Je ne te laisserai pas tuer ma mère !"
Et que dire de Mérida qui déchire sa robe et son voile pour tirer sa flèche et s'épouser elle-même (pied de nez à toutes les femmes voilées et mariées de force ! Ce film sera t il censuré dans les pays islamistes ?? )
Comme j'ai vibré devant les nombreuse folles courses de Mérida (ces cadrages, cette fluidité de fou !), et quand elle ondule dans le vent au sommet des chutes d'eau qu'elle boit ( jamais vu ça comme ça dans un Disney, même quand Raiponce sort de la tour. Là, la caméra semble sans limite).
Mérida est toujours bouleversante, qu'elle soit héroïque ou drôle, et son désarroi est contagieux dans tous les moments ou elle se décourage (dont celui à la scène finale dans le rayon de soleil, où on comprend qu'il fallait juste qu'elle rejoigne sa mère sous la couverture que le soleil peu à peu caresse (que c'est beau !) pour que l'union dés-active le sortilège.
Et quand elle gémit "maman je t'aime je voudrais tant te revoir", j'étais au 36eme dessous, ça sonnait même plus juste et bouleversant que Belle et Raiponce sur les corps de leurs amoureux !
Il y a plein d'autres petits détails symboliques super fins, comme la mèche grisonnante de mâturité d'Elinor apparue sur ses cheveux à la fin (Quel merveilleux visage resplendissant d'amour quand elle lâche dans un souffle épuisé "We've both changed !" Voilà, en une phrase la leçon est dite, discrète et puissante.) Et oui, les morales ne sont pas lourdes.
Autres scènes cultes où Merida et sa mère miment et communiquent au nez et a la barbe de tous pour changer la tradition, ou bien celle où la mère et la fille répètent à distance, qui avec son cheval, qui avec son mari, ce qu'elles devraient se dire, et le montage se resserre comme si elles se parlaient.
Donc c'est impeccable, plein d'intelligence, de vie, de savoir-faire technique et de beauté, où l'humour et la tension émotionnelle sont toujours subtilement de paire. De très belles interactions entre tous les personnages, qu'ils soient principaux, secondaires ou animaux, et malgré l'absence d'un vrai "méchant", de vrais moment de drame, de mystère et d'émotion, de magie et de danger, jusqu'au superbe climax dans le cercle des menhirs.
Ce film a tiré les leçons de tout ce que j'ai aimé, fond et forme, dans les autres films précédents 2D ou 3D.
PS : ah oui, et Mérida est définitivement BELLE, BELLE, BELLE, la plus BELLE de toutes ! Grosse joues ou pas, sa beauté sauvage et authentique m'a enveloppé littéralement !

BELLE, SI BELLE ET RE-BELLE !
